[…] Comment structurer son site pour le SEO ?/ La technique du cocon sémantique fait merveille/ Mehdi Coly, Président d’Optimiz.me et fondateur de l’agence Linkeyword l’a testée et approuvée / Il a répondu à nos questions […]
Q : Vous avez testé le « cocon sémantique ». De quoi s’agit-il ?
Mehdi Coly : C’est une façon de penser son maillage interne (les liens entre les pages de son propre site) de façon intelligente, c’est-à-dire qu’il ne s’agit pas juste de faire des liens, mais de faire en sorte que cet ensemble de liens soit porteur de sens pour un moteur de recherche.
Q : Du point de vue du moteur de recherche, quelle est la différence pour lui ?
MC : Le moteur de recherche va repérer deux grandes choses : le contexte et les liens. Il va analyser la cohérence entre les deux. Puisqu’on sait que Google, grâce à son algorithme Hummingbird, est capable de repérer un champ lexical sur une page donnée et qu’il va donc savoir si un lien sur votre page est cohérent, du point de vue lexical, avec le sujet abordé sur la page liée. Donc, plus je crée de cohérence entre ces deux ensembles, plus je vais pouvoir dire à Google : « Regarde, sur ce sujet global, j’ai plein de petits sujets qui sont liés entre eux. »
Q : Donc si Google voit le mot « conversion », par exemple, sur ma page et qu’il le voit lié à des pages qui parlent « référencement » et « Adwords » , il va comprendre qu’on parle de marketing et pas de taux de conversion euro/dollar, par exemple ?
MC : Oui, c’est le premier niveau, celui de la compréhension. Ensuite, il y a le niveau de l’autorité. Aujourd’hui le page-rank n’est plus une notion abstraite, c’est aussi une notion porteuse de sens. Donc si moi je parle de « taux de conversion », il est bien que cette page soit « entourée » de pages qui traitent de sujets liés (« le taux de conversion sur Adwords », « le taux de conversion en référencement naturel », « le taux de conversion en emailing », etc.).
Concrètement ma page « comment améliorer son taux de conversion » qui est ma page « landing-page », celle sur laquelle je veux faire arriver les internautes pour mieux vendre, sera poussée par le fait qu’en dessous d’elle, il y a des pages qui abordent ce sujet-là sous un prisme plus précis.
Le cocon sémantique consiste donc à permettre à Google d’identifier ce sujet en faisant un lien depuis cette page-mère (« comment améliorer son taux de conversion ») vers chacune de ses pages-filles, et de faire des liens entre pages-filles.
Ensuite, on peut encore augmenter encore augmenter la pertinence de cela en jouant sur les ancres de lien (i.e. le texte entre <a href= »… »> et </a>), ancres de lien qui ont souvent été sur-utilisées avec des liens externes partant dans tous les sens , ce qui aujourd’hui est très pénalisé, notamment par Google Pingouin. Pour l’instant, en maillage interne, il reste pertinent d’optimiser, voire de sur-optimiser, les ancres de lien. Ainsi, les pages-filles, lorsqu’elles font un lien vers la page mère auront comme ancre « comment améliorer son taux de conversion ». Elles vont bien montrer que la page mère traite de ce sujet-là précis.
Q: Il faut donc des liens « mère-filles » et « filles-mère » et des liens « fille-fille ».
M.C : Oui, il faut des liens de la page-mère vers les pages-filles, des liens entre pages-filles. Il y aurait même des positions à privilégier pour placer ses liens à l’intérieur-même des pages.
Ce que préconise Laurent Bourelly, le concepteur de cette technique, c’est de faire en sorte que les liens « pages-filles » -> »page-mère » soient placés en haut du texte, dans les 3-4 premières lignes, de disposer les liens « page mère » -> « pages-filles » tout au long du texte, l’idée étant qu’une page-mère fonctionne généralement comme l’introduction à une problématique détaillée ensuite plus largement.
Ex : ma page-mère « taux de conversion » aura une structure avec un premier <h2> (première tête de chapitre de la page) qui sera « taux de conversion et référencement naturel » et ce paragraphe contiendra le lien vers la page fille correspondante, un deuxième <h2> sera « taux de conversion et Adwords », etc.
Ensuite, les liens entre pages-soeurs sont plutôt à placer en fin de page, sans forcément sur-optimiser les liens, avec des ancres simples telles que « en savoir plus… » avec la liste des pages.
Q : Optimiser un lien signifiant placer le mot-clé dans le texte de l’ancre…
MC : Oui. Ce que je préconise, c’est de ne pas systématiquement mettre le mot-clé principal, mais de varier. Si j’ai une page-mère et trois pages-filles, je peux avoir trois ancres différentes dans le renvoi vers la page-mère, par exemple : 1. « comment améliorer le taux de conversion de mon site internet », 2. « améliorer mon taux de conversion » et 3. »un meilleur taux de conversion ? ».
La variété lexicale va payer. Et la variété lexicale, elle est dans les liens, sur les ancres, que ce soit sur mon site ou en dehors de mon site.
Le lien entrant reste indispensable. Il ne faut pas penser que le cocon sémantique suffit en soi, même avec un contenu de qualité.
Il faut de toute façon du lien entrant.
J’explique souvent à mes clients : » Si je fais un super site avec un cocon sémantique, des articles merveilleux etc., c’est comme si j’avais fait une très belle Ferrari. Si je n’ai pas de liens, c’est comme si je ne mettais pas d’essence dans ma Ferrari. Et donc, j’irai toujours plus loin avec une Twingo qui a le plein qu’avec une Ferrari à sec. L’idéal est d’avoir les deux : une Ferrari avec le plein ! ».
Les liens internes vont faire circuler le page-rank que l’ensemble des pages possède : il va faire circuler le sens. Mais si tout cela n’est pas alimenté par des liens venus d’ailleurs, les effets seront limités. Il faut donc travailler sur les deux plans.
Q : Il faut éviter en revanche les liens entre catégories
MC : C’est le principe du cocon. Il faut rendre étanches plusieurs ensembles sémantiques qui, eux, sont cohérents en interne. Si j’ai un ensemble sémantique cohérent sur la conversion, parce que je suis une agence de digitalmarketing (je vais avoir des clients qui vont s’interroger sur leur taux de conversion et vont me contacter), je vais avoir pour stratégie d’entretenir un cocon sémantique qui a pour but de capter tous les gens qui se posent des questions sur leur taux de conversion. Et donc, ces pages vont faire des liens entre elles. Il ne faut pas en revanche que ces pages-là fassent des liens vers un autre ensemble qui serait, par exemple, la création de sites web. Ce sont en effet deux sujets différents.
Q : S’il faut éviter tout lien sortant du cocon, doit-on recourir à des indications « no-follow » (mention destinée aux robots à l’intérieur des balises <a href>) sur les liens générés automatiquement par les CMS (WordPress, etc.) ?
MC : Le no-follow n’est plus réellement pris en compte par Google. Il y a même des liens en no-follow qui apportent du page-rank. Il ne sert donc plus à rien de structurer son linking avec des « no-follow ». Il vaut mieux raisonner en se disant « la vision la plus importante, avant le référencement, c’est l’ergonomie ». Et pour une bonne ergonomie, je vais, par exemple, avoir un menu. Ce n’est pas grave si, dans mon menu, j’ai des liens qui pointent vers des ensembles sémantiques différents.
L’idéal est d’avoir un menu pas trop grand. De faire en sorte que les gens, depuis Google, tombent directement sur la page qui les intéresse, qu’ils n’aient pas besoin d’utiliser le menu (de toute façon, le menu, en général, il n’y a qu’une seule personne qui le comprend : celui qui l’a créé; chacun le perçoit ensuite différemment). Donc le menu, c’est une chose, Google l’identifie très facilement (les liens que l’on retrouve toujours de la même façon sur toutes les pages). En revanche pour décoder le sens, il va s’intéresser aux liens rares, c’est-à-dire aux liens qui ne sont situés que sur certaines pages (ces liens sont forcément faits manuellement et n’utilisent pas les plug-in qui automatisent les liens et font perdre du sens).
On a d’une part notre menu que l’on ne pense pas pour le référencement mais pour l’ergonomie, et d’autre part les liens que l’on fait à la main soigneusement à l’intérieur des pages que l’on pense en fonction d’un plan sur le papier ou sur un mind-map.
Q : Si on utilise Wordpress et ses catégories. Peut-on construire chaque cocon autour d’une catégorie WordPress ?
MC : Une catégorie sera souvent utilisée sur un modèle un peu blog, avec des articles et des pages. Sur WordPress, on aura forcément du contenu dupliqué si un même article apparaît dans plusieurs catégories, ce qui, en soi, n’est pas une catastrophe, mais tue un peu le principe du cocon sémantique.
Q: Oui, mais, justement, dans ce cas-là, on impose une règle « un article ne va que dans une seule catégorie » !
MC : Tout à fait. Il faut faire cela pour le référencement. En revanche, pour l’ergonomie, ce n’est pas forcément bien. Quelqu’un qui navigue dans une catégorie peut être intéressé par un article situé dans une autre.
Ce que je ferais serait donc de surtout veiller à ce que les liens du cocon sémantique soient toujours posés manuellement. Laurent Bourelly ne semble pas très fan des CMS, précisément à cause de cela.
Donc, l’important est d’éviter tous les liens « automatisés » ou générés automatiquement, catégorie par catégorie.
Q : Un cocon sémantique, cela veut dire un « mot-clé » générique pour le cocon. Et ensuite ? Jusqu’où doit-on aller ensuite dans les sous-catégories « fille -> petite-fille -> arrière-petite-fille »…etc
MC : On a des clients pour qui on a déjà 500 pages et pour qui on peut aller encore plus loin. Dans ce cas, on fait un plan sur deux ans et on dit « dans deux ans, j’aimerais que mon site ressemble à cela et que l’on ait tant de pages ». En revanche, on ne doit pas chercher à être parfait tout de suite.
Je crée un mind-map, un plan sur lequel je vois toutes mes pages principales, celles qui sont amenées à se positionner sur les mots-clés les plus concurrentiels. Ces pages-là, il faut qu’elles soient en « haut du cocon ». En effet la mécanique de distribution du page-rank fait que la page d’accueil est celle qui a le meilleur page-rank et va transmettre à ces pages-filles du page-rank qui elles-même vont en transmettre à leur filles, etc. et il y a donc une déperdition à chaque fois puisqu’on ne peut transmettre qu’une quantité finie de page-rank.
Donc, si la page d’accueil (« Comment améliorer son taux de conversion ») distribue du page-rank à 5 pages, qui elles-mêmes distribuent à 5 pages, qui elles-même distribuent encore à 5 pages, … la page qui est tout en bas n’a plus que 1/100ème de ce qu’avait la 1ère. Si cette page tout en bas, cherche à se positionner sur un mot-clé concurrentiel, elle aura du mal car elle est trop éloignée du haut.
Par contre, cette page sera porteuse de sens, donc elle se positionnera beaucoup plus haut que si elle avait été mise dans un site-map global, parmi les 500 autres pages du site.
Il y a donc deux possibilités. Soit je fais en sorte que toutes mes pages qui ont un mot-clé concurrentiel soient situées en haut. Soit j’accepte de les mettre plus bas, mais je vais faire une petite entorse à ma vision « mère-fille-petite-fille » en faisant un lien d’une page située plus haut, vers ma page tout en bas (Ex un lien fille-> arrière-arrière-arrière-petite-fille »).
Ce n’est pas gênant de faire un lien vertical dans le même cocon sémantique. Ce qui est gênant, c’est un lien du cocon vers un autre cocon.
Nous l’avons testé à plusieurs reprise. Un lien depuis la page d’accueil ou vers une page à fort page-rank vers une page tout en bas fait que l’on passe de la troisième page à la première page, sans rien faire d’autre.
Il y a encore une autre possibilité : amener du lien externe vers la page tout en bas. Dans ce cas-là, on va améliorer le page-rank de cette page qui va elle-même le distribuer vers le haut.
Q : Comment on mesure ? Comment on corrige ?
MC : Je vais répondre au-delà de cette seule question du cocon sémantique. Tapez sur Google « Trouvez Chuck Norris ». Vous savez, cela fait partie de ces fameux Google Bombing qui ont marché pendant un moment. Pendant longtemps, la réponse n°1 à cette requête était une page qui était un fake et qui disait « Google ne trouvera pas Chuck Norris, parce que Chuck Norris vous trouvera avant ».
Cette page se positionnait n°1, car elle recevait quantité de liens externes d’autres sites avec comme ancre « trouvez Chuck Norris ». Et elle a continué à bien se positionner, même après Pingouin.
A l’agence, nous nous sommes dit « tiens on va essayer un truc, on va créer une page sur optimize.me et on va utiliser le champ lexical de Chuck Norris à fond. On a utilisé notre algorithme de suggestion de champ lexical, et on a mis tout ce qu’on pouvait dire sur « Trouvez Chuck Norris ». Eh bien cette page se positionne en 3 ou 4 sur le mot-clé « Trouvez Chuck Norris », alors qu’elle ne reçoit aucun lien externe. On essaie de voir, à partir de quand on sera premier.
On fait cela depuis 1 an 1/2- 2 ans.
Le cocon sémantique peut donc être testé de cette façon-là. Je crée un cocon, et je vois comme il évolue. Maintenant, je ne peux pas comparer avec la même chose créé autrement. La mesure en référencement naturel reste toujours difficile.
Q : Donc … arbitrage par le trafic ?
MC : C’est comme cela que l’on mesure nous en général. On est assez peu focalisé sur l’avancement de nos positions. Bien sûr, on les regarde, parce que c’est addictif et que c’est là, « le vice du référenceur ». Mais le principal et ce que l’on invite nos clients à regarder en priorité, c’est le lien entre évolution des positions et évolution du trafic.
Le cocon sémantique a, de ce point de vue, un avantage très important. Il ne permet pas seulement d’améliorer son positionnement sur des mots-clés concurrentiels, il génère aussi une longue-traîne beaucoup plus puissante qu’elle ne l’aurait été si on avait travaillé autrement. Forcément, puisque l’on utilise un sujet dans toutes ses dimensions, on va mécaniquement utiliser tous les mots-clés qu’une personne peut imaginer sur le sujet (et ce d’autant plus que l’on aura recours à des rédacteurs différents) et donc la richesse lexicale crée de la longue-traîne.
Pour aller encore plus loin, optimiz.me sur son blog détaille également le sujet du cocon sémantique.