Idée de contenu : trouvez l’erreur
Vous ouvrez un magazine et vous tombez sur ce titre : “Trouvez l’erreur”.
N’avez-vous pas aussitôt envie de relever le défi ?
Ne vous sentez-vous pas aussitôt interpellé ?
Vous pensez aussitôt : “S’il y a une erreur, c’est que plein de gens ne la trouveront pas. Mais moi, moi qui suis le plus fort, je vais bien la trouver, non ?
Parce que je suis le plus fort, n’est-ce pas ?”
Et vous voilà aussitôt à utiliser le magazine à la façon de la reine dans Blanche-Neige : “Magazine, dis-moi que je suis le plus fort, et que je ne suis pas comme tous ces gros nuls qui ne vont pas trouver l’erreur que ce malicieux rédacteur-en-chef a glissée dans ses pages”.
Du lecteur passif au lecteur actif
Voilà, grosso modo, le cheminement psychologique qu’un tel titre va provoquer chez vous.
L’effet plus ou moins conscient qui va vous empêcher de tourner les pages et de passer à autre chose.
Avec lui, le rédacteur-en-chef du magazine vous transforme de lecteur passif, avaleur d’informations qui s’imprimeront plus ou moins dans votre cerveau, en consommateur actif, dévoreur de ce magazine qui vous provoque en duel.
J’utilise le mot “consommateur”, à dessein, car dans l’idée de consommation il y a celle de destruction. L’erreur à trouver est quelque chose qui gratte, qui dérange. Il faut la trouver pour la détruire, remettre le monde dans l’ordre et apaiser la tension qui s’est installée en vous, à cause de ce titre provocateur.
Nul doute qu’à l’issue de ce petit jeu, vous vous souviendrez du magazine, de ses pages, de sa maquette, de son rubriquage, peut-être.
Si cela s’est passé à la rubrique jeu, vous apprécierez la semaine ou le mois suivant de retrouver un nouveau jeu de 7 erreurs.
Si cela s’est passé dans les pages politiques, vous aurez à nouveau envie d’acheter ce magazine. Vous aurez en effet retenu que le mode de traitement choisi par lui (vous mettre dans la peau des hommes politiques du moment pour vous faire trouver vous-même ce qui, au regard de l’analyse politique, est une grosse boulette) est un regard original.
Et vous aurez envie de savoir ce que, cette fois …. ils ont bien pu trouver.
C’est à coup d’idées de contenus de cette trempe qu’un rédacteur-en-chef fait de son magazine un magazine formidable. Accessoirement : qui se vend.
Utilisez donc vous aussi cette idée pour vos contenus !
Trouvez l’erreur. Voilà donc une idée à copier. Mettez ce titre en haut de votre contenu. Faites-en un post, un article de blog, une vidéo…. Ce que vous voulez, et demandez à votre lecteur de jouer avec vous.
C’est une idée d’autant plus forte en matière de stratégie de contenu qu’elle fait formidablement avancer votre lecteur dans son processus d’achat. Nous allons le voir tout de suite.
C’est une idée tellement forte que, d’ailleurs, tenez ….
… je ne peux m’empêcher d’y jouer avec vous.
Voici une très belle idée de contenu : comment le lecteur choisit-il (ou pas) de lire votre article de blog.
Une erreur s’est glissée dans cette infographie. Saurez-vous la trouver ?
Le must de l’idée de contenu : cacher l’erreur sans le dire
Le must du must dans l’art d’utiliser l’idée “trouvez l’erreur” est carrément de cacher une erreur sans le dire et d’attendre que son public la découvre tout seul.
C’est ce que fait Intermarché dans cette campagne de publicité de la fin août 2017.
Il faut au moins une campagne de publicité à la clé pour se permettre de ne même pas dire “trouvez l’erreur” et laisser faire les réactions.
Face à une campagne de publicité, le public sait que l’annonceur a investi des fortunes pour que l’affiche, l’annonce ou le film TV arrive sous ses yeux. Il se doute bien que c’est le fruit d’un long processus. Il imagine très bien l’armada de graphistes, rédacteurs et surtout correcteurs qu’il a fallu pour en arriver là.
Donc quand il voit ça …
Il se dit forcément ….
Que se dit-il d’ailleurs ? Percevez-vous immédiatement ce qui cloche dans cette campagne ?
Non ? Oui ? Ah, vous me rassurez.
Qui ne sait pas planter des choux n’est pas français. Au pays de la gastronomie, tout le monde sait distinguer des choux et des laitues, non ?
C’est exactement ce que s’est dit le public, face à ces affiches dans le métro.
D’emblée, ça a donné :
“Oh les gros nazes chez Intermarché… Ils ne savent même pas reconnaître des oignons et du fenouil. Oh la boulette !”
Tout le monde a réagi sur le ton de Jacques Villeret dans le dîner de cons.
Et, must du must, de l’idée de contenu : donner la solution par communiqué de presse…
Et la grande classe de chez grande classe, dans cette campagne, s’est révélée ensuite. La marque a donné l’explication par communiqué de presse.
“C’est volontairement qu’Intermarché a décidé de confondre ces légumes afin piéger les Parisiens… et de provoquer une prise de conscience.” explique LSA, le magazine professionnel de la grande distribution dans cet article.
Et d’évoquer une étude de l’Association santé et environnement de France (Asef) qui a dévoilé, en 2013, qu’un enfant sur trois ne sait pas identifier un poireau, une courgette et un artichaut. 87% d’entre eux ne reconnaissent pas une betterave. Et 40 % des interrogés ne savent pas que les frites viennent des pommes de terre ! (enquête réalisée auprès de 910 enfants). (Voir aussi l’article du Parisien).
Intermarché a d’ailleurs réalisé un film qui démontre que l’étude de 2013 ne s’est pas trompée.
…et mettre en place tout un dispositif pour effectuer sa démonstration.
Et bien sûr, puisqu’il y a chez Intermarché un combat à mener (vendre des légumes), l’enseigne a mis en place tout un dispositif pour promouvoir le “mieux manger”. Une application mobile baptisée “les bons légumes” est prévue. Des jeux et un kit de sensibilisation mis à disposition des écoles primaires. Sans oublier : des sachets de légumes pré-remplis estampillés « les bons légumes » mis en vente en magasins.
Dès lors, les réactions changent de nature de la part du public.
Les rieurs passent du côté de la marque et le public devient actif. La preuve : cette twittos qui s’en sert pour tester ses propres amis. Génial !
La marque avait déjà fait très fort avec sa précédente campagne qui mettait en oeuvre un storytelling parfait. Là, elle se maintient à tout aussi haut niveau dans le contenu qui déclenche une réaction.
Pourquoi copier cette idée de contenu ?
S’il faut copier cette idée, et s’en inspirer dans une démarche de vente sur internet, c’est qu’elle est exceptionnelle d’efficacité.
Et ce, à l’étape la plus importante de ce que l’on appelle le Buyer’s Journey, le cycle d’achat du client.
Pour mieux comprendre cette notion de cycle d’achat et l’importance qu’il y a à prévoir des contenus spécifiques pour chaque phase de ce cycle d’achat, je vous invite à lire cet article que j’ai consacré au sujet.
Jouer à fond le coup de l’erreur, voire des 7 erreurs pour optimiser l’effet “prise de conscience” que l’on cherche à obtenir en tout début de cycle d’achat est un idée géniale. A copier d’urgence.
(1) Alors ? Vous avez trouvé où est l’erreur ? Non ?
Alors regardez cette vidéo. Je sais, c’est un sujet difficile. J’ai beaucoup de mal à faire prendre conscience de ce problème à mes lecteurs. Mais quand j’ai réussi, vous n’imaginez pas la satisfaction qui est la mienne à ce moment là.
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